La rougeole avait quasiment disparu en France en ce début du siècle ( 44 cas en 2007).L'année 2011 pourrait marquer le début d'une nouvelle grande épidémie de rougeole : En janvier-février, l’Institut Nationale de Veille Sanitaire (INVS) a recensé 3 750 cas en France et plus de 3 000 pour le mois de mars.
Bref historique
C'est dans les années 80 que la vaccination ROR non obligatoire a commencé à être quasiment automatique. De 1980 à 1987, entre 200 000 et 600 000 cas annuels de rougeole ont été déclarés en France ; ils ont causé chaque année entre 25 et 30 cas d’encéphalites aiguës (complication mortelle dans 10 % des cas) et 15 cas d’encéphalites chroniques (100% mortelle).
La virus de la rougeole ne survit que dans le corps humain. L'augmentation du taux de couverture vaccinale a progressivement permis la quasi éradication de la maladie (40 cas en 2006).
Il convient de rappeler que la rougeole est une maladie extrêmement contagieuse . Elle peut devenir dangereuse par la multiplication des cas : les complications sont rares mais leurs nombres augmentent avec l'augmentation du nombre de malades. Les complications ne se limitent pas à une otite ou une pneumonie ou une hépatite, mais elles peuvent être aussi neurologiques comme les encéphalites et peuvent laisser des séquelles graves voire conduire , hélas, au décès (30% des cas de complications graves).
Sur les 5000 personnes recensées en 2010, 1500 ont été hospitalisés, 9 ont développé une encéphalite infectieuse (dont 1 décès) et 273 une pneumopathie (dont 1 décès).
Quelques chiffres sur l'évolution actuelle de l'épidémie
1525 cas en 2009, 5021 en 2010, 3750 cas signalés en janvier-février 2011 et plus de 3000 en mars 2011. Les chiffres actuels donnent à penser qu'on s'achemine pour l'année 2011 vers plusieurs dizaines de milliers de cas recensés de rougeole.
Cette brusque épidémie de rougeole est liée à la fois au caractère extrêmement contagieux de la maladie ainsi qu'à la couverture vaccinale trop faible. Pour une éradication de la rougeole, le taux de vaccination doit être de 95% de la population. Dans certaines régions françaises, ce taux est estimé à 90% pour les enfants de 24 mois. De plus, une vaccination efficace à 98% contre la rougeole nécessite deux injections.
Autisme et vaccination ROR
Bien que les résultats de l'étude réalisée en 1998 liant vaccin ROR et autisme aient été falsifiés, ils ont jeté le doute sur la vaccination ROR. Or, en l'absence de traitement curatif de la rougeole, la vaccination reste à ce jour le moyen le plus efficace pour éviter la contagion et protéger les nourrissons qui ne peuvent recevoir le vaccin. L'épidémie de rougeole sévit surtout dans les régions où le taux de couverture vaccinale est le plus faible.
Qui sont les victimes ?
Contrairement aux idées reçues, l'épidémie touche de jeunes enfants mais aussi de jeunes adultes. Ainsi, en 2010, le nombre de cas a triplé chez les enfants de moins de 1 an, mais il a aussi quintuplé chez les jeunes adultes. Or ces deux tranches d'âge sont davantage exposées aux risques de certaines complications, rares mais graves comme les pneumonies dans 1 à 6 % des cas, l'encéphalite dans 1 cas pour 1000; elle peut être aiguë, retardée de 2 à 6 mois ou à distance 7 ans après l'éruption (provoquant des handicaps mentaux irréversibles)
Beaucoup n’ont pas reçu la deuxième dose pourtant essentielle pour se protéger efficacement contre la maladie. Du coup, aujourd’hui on constate que les adultes qui attrapent la rougeole contaminent les plus petits et surtout les enfants de moins d’un an qui sont très vulnérables. car ils ne reçoivent leur première dose qu’à partir de douze mois.
Conclusion
La rougeole est une maladie qui peut être éradiquée. Il n’est jamais trop tard pour se faire vacciner. Une fois les deux doses reçues, on est tranquille à vie.
Commentaire : Il existe en France un lobby anti-vaccination qui s'appuie sur le libre choix pour refuser toute vaccination. Afin de contrer la compagne de vaccination contre le ROR, certains sites utilisent la peur en publiant la liste des effets indésirables liés au vaccin ROR et mentionne l'autisme régressif. Le libre choix que revendiquent ces associations ne peut se concevoir qu'à la condition que chacun puisse disposer d'informations objectives pour choisir. Choisir de ne pas se vacciner veut dire aussi choisir d'être le vecteur d'une maladie , d'en être la victime et d'en être l'agent de propagation. Pour ce qui concerne l'information, force est de constater que l'argument utilisé par les antivaccinations relèvent plus de la désinformation que de l'information. En effet, l'étude sur le pseudo-lien entre ROR et autisme de 1998 qui sert d'argument contre le vaccin ROR était falsifiée, entachée d'un conflit d'intérêt et les résultats n'ont jamais pu être reproduits. Utiliser le spectre de l'autisme pour dissuader quiconque de faire vacciner son enfant ressemble plus à une manœuvre qu'à une véritable volonté de respecter le libre choix et cela peut couter très cher aux enfants et jeunes adultes qui seront victimes des complications liées à l'infection par le morbillivirus.