18 décembre 2006

Génétique: l'influence de la mère sur le cerveau de son foetus

Par Brigitte CASTELNAU

PARIS (AFP) - Le patrimoine génétique de la mère interviendrait directement pendant la grossesse sur le développement normal du foetus, indépendamment des gènes acquis à la conception, selon des travaux de chercheurs français publiés lundi dans les comptes rendus de l'académie des sciences américaine, les PNAS.
"Cette découverte a des implications pour la compréhension de l'autisme, un trouble du développement, ou le syndrome de l'intestin irritable qui touche 20% de la population", a indiqué à l'AFP Jacques Mallet, responsable de l'étude.

Lors de la conception, le père et la mère transmettent chacun une partie de leur patrimoine génétique. Mais l'influence maternelle découverte par les chercheurs intervient sur le foetus indépendamment des gènes qu'il a ainsi acquis de ses parents.

Les chercheurs ont établi "pour la première fois" le rôle crucial de la sérotonine maternelle --dépendant de ses propres gènes-- sur le développement foetal, en particulier du cerveau, mais aussi du coeur et du tube digestif.

La sérotonine est par ailleurs impliquée dans divers processus: régulation du cycle veille/sommeil, contrôle de la température du corps, de la pression artérielle, de la prise alimentaire et du comportement sexuel ou maternel.

Chez les mammifères, avant le dernier tiers de la gestation, on n'a jamais détecté de production par l'embryon lui-même de sérotonine, normalement présente dans le cerveau, le sang et l'intestin.

L'équipe de M. Mallet et de Francine Côté (CNRS - Paris 6, laboratoire de génétique de la neurotransmission) vient de démontrer qu'aux premiers stades embryonnaires, la sérotonine provient de la mère.

Pour le prouver, les chercheurs ont utilisé des souris génétiquement modifiées. Certaines d'entre elles ont été privées d'un gène (gène "tph1") à l'origine de 95% de la sérotonine véhiculée par le sang. Ils ont ensuite fait des croisements génétiques pour la reproduction des animaux.

Résultats: un seul élément domine, le niveau sanguin maternel de sérotonine.

S'il est effondré, les nouveau-nés, quelle que soit leur propre capacité (normale ou défaillante) à produire cette substance, présentent des anomalies dans l'architecture cérébrale, et leur taille est de 15% à 30% inférieure par rapport à ceux issus de mères dont le niveau de sérotonine est normal. Inversement, si le niveau maternel est normal, le petit se développe normalement.

L'influence paternelle sur ce chapitre apparaît nulle.

"C'est le premier exemple chez les mammifères de la supplantation d'un gène embryonnaire par un gène maternel", selon les chercheurs.

"Cette interaction mère-enfant pose la question des grands prématurés. Il va falloir étudier avec attention le taux de sérotonine de la mère et éventuellement les effets des médicaments (antidépresseurs par exemple) qui agissent sur cette substance", estime Jacques Mallet.

"On sait que des femmes traitées pendant la grossesse avec des médicaments modifiant le taux de sérotonine ont eu des enfants présentant des troubles cardiaques", ajoute-t-il.

"Une prise en charge particulière des femmes enceintes appartenant à des familles à risque accru de pathologies pour lesquelles un lien avec une perturbation de cette substance a été suggéré (autisme, phénylcétonurie --cause de retard mental-- syndrome du colon irritable), pourrait être envisagée", suggère-t-il.

"Il existe problablement d'autres gènes maternels influant sur la formation de l'embryon à découvrir", ajoute-t-il.

17 décembre 2006

Autisme: un nouveau gène identifié

PARIS (AFP) - Un nouveau gène impliqué dans l'autisme, un trouble du développement dont l'origine reste mystérieuse, vient d'être identifié par des chercheurs de l'Institut Pasteur (Paris).
Ces travaux montrant "le rôle-clé de ce gène dans l'organisation des connections entre les neurones", sont publiés dimanche en ligne par la revue Nature Genetics.

L'autisme, qui apparaît avant l'âge de 3 ans, fait partie des troubles envahissants du développement. "Il touche environ un enfant sur 200, avec une fréquence quatre fois plus élevée chez les garçons", indique Thomas Bourgeron de l'Institut Pasteur (Paris), responsable de l'étude.

L'autisme est caractérisé par des déficits de la communication et des relations sociales, associés à des comportements répétitifs, stéréotypés.

"Ce gène, baptisé SHANK3, n'explique pas toutes les formes d'autisme", avertit le chercheur.

En 2003, son équipe avait identifié, chez des personnes atteintes d'autisme ou du syndrome d'Asperger (forme moins sévère de l'autisme), des anomalies (mutations) de deux gènes situés sur le chromosome X. Des défauts génétiques qui ont un impact sur des protéines, les neuroligines, impliquées dans la formation des zones de communication entre les neurones (synapses).

Ces chercheurs ont depuis analysé une région du chromosome 22 (dite 22q13). Des altérations de cette région sont en effet responsables de retard mental, d'autisme et de trouble du langage, mais jusqu'à présent le gène en cause n'avait pas été identifié.

En étudiant cinq enfants de trois familles différentes, les chercheurs ont maintenant identifié dans cette zone du chromosome, le gène en question. Ce gène SHANK3 commande la fabrication d'une protéine qui interagit avec les neuroligines et joue un rôle crucial pour le développement des synapses.

Les altérations génétiques observées présentent des degrés divers, pouvant aller jusqu'à des "délétions" (pertes) importantes du gène, avec absence d'acquisition du langage. Chez un enfant autiste, mais qui a appris à parler, le gène est "dupliqué" (une copie du gène en trop), relève le chercheur. Une façon de rappeler combien ce trouble du développement est "complexe".

Ces recherches ont été conduites en collaboration avec l'Inserm, les services de psychiatrie parisiens des professeurs Marion Leboyer et Marie-Christine Mouren-Siméoni et suédois de Christopher Gillberg (université de Göteborg, Suède).

Le risque d'avoir un 2e enfant atteint dans une famille déjà touchée est 45 fois plus élevé que dans la population générale. Mais le gène SHANK3 n'explique encore qu'un nombre limité des cas, d'après l'analyse de 155 autres individus ayant des troubles comportementaux sans anomalie apparente de ce gène. Des études complémentaires sont en cours pour identifier d'autres gènes en cause.

17 novembre 2006

Ped Med: Le combat des docteurs contre la peur d’un lien entre vaccin et autisme

Par LIDIA WASOWICZ
UPI Senior Science Writer

SAN FRANCISCO, 15 nov. (UPI) -- Beaucoup de praticiens expriment leur désespoir face à la persistance de ce qu’ils considèrent comme des accusations injustifiées de relation entre vaccins et autisme, et sur la profession médicale en général.
"Ce qui me navre, ce sont les gens qui affirment que les médecins ne leur diraient jamais la vérité, ce qu'ils pensent vraiment de ces choses, et que pour des raisons économiques, ils sont obligés de vacciner," a dit le Dr. Jeffrey Boscamp, spécialiste des maladies infectieuses, président de pédiatrie et médecin-principal à l'Hôpital pour Enfants Joseph M. Sanzari du Centre Médical Universitaire de Hackensack, dans New Jersey. "Rien n’est plus blessant que cela."
Et rien ne l'étonne davantage que des allégations de dissimulation de scandale, de la part du gouvernement, des compagnies pharmaceutiques et des médecins, sur les risques perçus des vaccins, a-t-il ajouté.
La législation des vaccins aux Etats-Unis est une des plus strictes au monde, affirment les autorités médicales.
« Le processus de développement, de test, de l’autorisation de mise sur le marché et du suivi des effets secondaires est un processus extrêmement complexe qui a probablement plus de systèmes de régulation que le gouvernement lui-même. » affirme le Dr. Charles Prober, professeur et président de pédiatrie à l’Université de Stanford.
A tel point que le nombre de fabricants de vaccins est passé de 26 en 1967 à 17 en 1980, et à juste cinq en 2004, disent les docteurs.
Plus récemment, un nouveau vaccin contre les rotavirus, le Rotarix de GlaxoSmithKline, a été introduit en janvier 2005 au Mexique – la première fois qu’une grande compagnie pharmaceutique évite l’Amérique du Nord et l’Europe pour sortir un vaccin, disent les médecins.
Ces arguments n’ont que peut d’effet sur les sceptiques. Ils considèrent que les études sur les vaccins sont biaisées et trouvent plus convaincantes les preuves des effets négatifs, sur un petit groupe d’enfants prédisposés génétiquement ou autrement, du thimerosal qui est toujours utilisé dans certains vaccins dont celui de la grippe, des combinaisons de virus même atténués dans d’autres, et/ou d’autres composants des vaccins.
De plus, ils sont toujours ébranlés par une série de révélations récentes sur ce qu’ils estiment être une conduite inappropriée de la part de ceux qui sont en charge d’approvisionner et de protéger la santé publique.
Entre autres, il y a eu un rapport publié dans le Los Angeles Times sur le firme pharmaceutique Merck qui aurait continué de fournir des vaccins pour enfants contenant du thimerosal, longtemps après avoir assuré qu’elle ne le faisait plus.
Il y a eu le retrait du marché du Vioxx, médicament vedette de Merck contre l’arthrite, après qu’il ait été montré qu’il augmentait les risques de crise cardiaque et d’accident cérébral.
Il y a eu l’ajout particulièrement inquiétant d’un message d’alerte encadré de noir sur les boites d’antidépresseurs, prévenant d’un risque accru de pensées et d’actes suicidaires pour certains adolescents, que ces pilules étaient censées prévenir.
Les vaccins ont une longue histoire de hauts et de bas dans l’estime du public.
Entre 1900 et 1902, par exemple, une épidémie de variole a touché Boston, infechant 3187 personnes, en tuant 284 et forçant les autorités médicales à menacer d’amende ou d’une peine de prison tout habitant qui refuserait de se faire vacciner. Environ un demi-million de Bostoniens on relevé leur manche pour la piqure – beaucoup de très mauvais gré.
Les contestataires se sont rués sur les tribunaux. Le cas Jacobson contre l’état du. Massachusetts, fut réglé en 1905 par un arrêt de la Cour Suprême des Etats Unis qui, dans un vote à 7 contre 2, a soutenu la protection de la communauté contre la liberté individuelle et a établi un précédent dans la loi sur la santé publique qui a perduré pour plus d’un siècle.
Depuis, les vaccins ont été attaqués pour un ensemble de maladies qui n’ont rien à voir avec eux, a écrit le Dr. Darshak Sanghavi, cardiologue pédiatrique à l’Ecole Médicale de l’Université du Massachusetts, dans un article publié dans le Boston Globe du 4 décembre 2005. Par exemple, le vaccin Diphtérie-Tétanos-Coqueluche a été accusé de provoquer l’épilepsie et la mort subite du nourrisson, le vaccin contre l’hépatite B la mort subite du nourrisson et le syndrome de fatigue chronique, le vaccin Hib (contre la méningite bactérienne de type b) des diabètes de type 1, et le vaccin contre la maladie de Lyme l’arthrite.
Même leurs plus grands supporters admettent que, comme pour n’importe quel médicament, les vaccins ont un certain nombre d’effets secondaires : de la simple bosse rouge ou une douleur au site d’injection, et de la fièvre à de très rares attaques ou même à la mort.
Personne ne conserve de statistiques très précises de ces plaintes et le système de remontée des effets secondaires des vaccins ne fournit au mieux qu’une estimation imprécise.
"Nous avons environ 20000 rapports par an," a dit le Dr. Ben Schwartz, conseiller scientifique principal du gouvernement sur les vaccins.
"Tous ne sont pas de véritables réactions aux vaccins; beaucoup ne sont que des coïncidences (temporelles) avec la vaccination. Vous vous faîtes vacciner contre la grippe, vous l’attrapez deux jours après et vous dîtes 'J’ai attrapé la grippe à cause du vaccin,'" a-t-il ajouté. "C’est impossible parce que le vaccin de la grippe ne contient pas de virus vivant donc il ne peut en aucune manière provoquer la grippe.
"D’un autre côté; de véritables réactions mineures, rougeurs, bosses, fièvres, et même des réactions plus sérieuses ne sont pas remontés dans le système," a ajouté Schwartz. "Alors, vous ne pouvez pas l’utiliser pour quantifier le nombre de réactions. Il est utilisé pour générer de l’information, pour alerter sur un besoin éventuel d’études complémentaires."
Le fait que beaucoup de parents voient des signaux d’alertes sur la vaccination de leurs enfants est une cause de souci considérable pour les docteurs.
"C’est un souci important pour les pédiatres, et ça prend une part de plus en plus importante de notre temps quotidien parce que les parents sont effrayés de ce que nous provoquions l’autisme de leurs enfants en les vaccinant," a dit le Dr. Eileen Costello, pédiatre de l’Université de Boston.
"Dans mon cabinet, un grand nombre de parents refusent de faire vacciner leurs enfants, et rien que cela pose un énorme problème de santé publique parce que nous voyons maintenant revenir des maladies que nous savons prévenir par la vaccination et que nos enfants ne doivent pas subir."
Dans son cabinet, selon elle, les cas d’autisme restent constants parmi les enfants vaccinés ou pas.
Le Dr Prober de Stanford a dit que lui aussi, a vu "de nombreuses personnes intelligentes" sortir du cursus vaccinal.
Il se souvient d’avoir été l’invité de l’émission d’ABC "Good Morning America" le 5 janvier 2000, lorsqu’une autre invitée, le mannequin Cindy Crawford, a parlé de sa lutte pour se décider à vacciner ou non son premier né et de sa décision finale de refuser la vaccination.
"Comment les parents peuvent s’y retrouver parmi tant d’information?" s’est demandé Prober.
"Le conseil que je donne est 'Il est probable qu’en tant que parent, vous avez cherché avec attention un pédiatre pour lui confier la vie de votre enfant, et vous avez du respect pour ce que ce pédiatre peut faire pour votre enfant. Pourquoi ne laissez vous pas votre pédiatre compulser toute la (littérature) concernée et vous aider à prendre une décision judicieuse ?'" »
Les Centers for Disease Control and Prevention d’Atlanta signalent que, bien que plus de 90% des enfants entrant à l’école en 2003-2004 aient eu leurs vaccins infantiles, seul 79,4% étaient considérés comme totalement vaccinés par la fameuse suite 4:3:1:3:3. Elle inclut quatre doses de vaccin contre la diphtérie, tétanos et coqueluche, trois doses contre la polio, une dose contre la rubéole, trois doses contre le Hib et trois doses contre l’hépatite B.
Le but du programme de vaccination américain est de garder ce nombre au-dessus de 90% -- considéré comme étant le "seuil" critique à partir duquel la fameuse immunité de groupe s’amorce et la probabilité d’attraper une maladie diminue très vite
Peut-on faire changer d’avis un nombre croissant de parents – la plupart Blancs, mariés, ayant une éducation supérieure et gagnant plus de 65000€ par an selon une étude – et qui disent simplement "Non!" aux vaccins?
"C’est peut-être impossible," a admis le Dr Cheston Berlin Jr., pédiatre de l’année 2003 en Pennsylvanie, professeur en pédiatrie et pharmacologie à l’Hôpital Départemental pour Enfants de Pennsylvanie à Hershey, au Penn State Milton S. Hershey Medical Center et Penn State College of Medicine et directeur de la Phenylketonuria Clinic.
Du moins pas avant qu’il n’y ait un plus grand consensus sur l’existence d’une influence quelconque des vaccins sur l’avènement d’un âge de l’autisme moderne.

(Note: dans ce fascicule en plusieurs parties, reposant sur des dizaines de rapports, conférences et interviews, Ped Med garde un oeil sur l’autisme, considérant rétrospectivement son histoire et les controverses qui l’entourent, les faits révélés par la recherche et espérant des améliorations des traitement et des développements. Mme Wasowicz est l’auteur d’un livre très attendu, "Suffer the Child: How the American Healthcare System Is Failing Our Future," aux éditionsCapital Books.)

08 novembre 2006

Toxicité des produits chimiques pour le cerveau des enfants trop négligée

PARIS (AFP) - Les effets toxiques des produits chimiques, dont des pesticides et des solvants, sur le développement du cerveau du foetus et de petit enfant sont en général négligés alors qu'ils pourraient avoir induit des troubles neurologiques chez des millions d'enfants dans le monde, selon des spécialistes de santé publique.
La toxicité de ces produits sur le cerveau du foetus intervient à des doses bien inférieures que pour l'adulte, notent-ils dans un article mis en ligne mercredi par la revue médicale britannique The Lancet.

Les limites d'exposition doivent tenir compte de cette sensibilité (femmes enceintes, jeunes enfants) afin de protéger le cerveau qui se développe, souligne les auteurs.

Un enfant sur six a des troubles du développement, la plupart impliquant le système nerveux, indiquent-ils.

Le Dr Philippe Grandjean (Harvard School, Boston, Etats-Unis) et son collègue le Pr Philip Landrigan (New York) ont passé en revue les données disponibles sur la toxicité de produits chimiques les plus susceptibles d'altérer le développement du cerveau.

Ils ont recensé 202 produits industriels présentant cette capacité de nuire au cerveau humain, et concluent que la pollution chimique pourrait avoir endommagé le cerveau de millions d'enfants dans le monde. Une "épidémie silencieuse" car les effets peuvent être discrets (par exemple une diminution de l'intelligence ou certaines modifications du comportement) et n'apparaissent pas dans les statistiques sanitaires.

Une toxicité sur les enfants généralement négligée, d'après eux. "Le cerveau humain est un organe précieux et vulnérable", commente Philippe Grandjean, principal auteur de l'étude. "Même des dommages limités sur cet organe peuvent avoir de sérieuses conséquences", ajoute-t-il.

La liste de 202 produits n'est pas limitative, précisent les auteurs car le nombre de produits pouvant causer des effets neurotoxiques excède le millier d'après les tests sur les animaux.

Le plomb est le premier produit dont la toxicité sur le développement du cerveau a été identifié, alors que sa neurotoxicité chez l'adulte était connue depuis des siècles.

"Même quand il y a une solide documentation sur leur toxicité, la plupart des substances ne font pas l'objet de réglementations protectrices pour le cerveau en développement", déplore le Dr Grandjean. "Quelques substances seulement comme le plomb (saturnisme) et le mercure sont contrôlées afin de protéger le foetus et le très jeune enfant", mais ce n'est pas le cas pour les 200 autres.

Les auteurs réclament, au titre de la précaution, des règles strictes pour les produits susceptibles de nuire au cerveau en formation, et leur assouplissement si le risque s'avère moins important.

27 octobre 2006

La télévision et l'autisme

(Agence Science-Presse) - Il y a quelques années, des parents inquiets voulaient à tout prix associer l’autisme à la vaccination. Voici qu’ils pourraient y associer... la télévision. Le plus sérieusement du monde, des chercheurs affirment que la hausse des cas d’autisme serait liée à la hausse de l’écoute de la télé! Une hypothèse qu ne plaît pas... aux géants de la télé.

Y a-t-il un lien entre l’autisme et la télévision, ont demandé en fin de semaine dernière de nombreux médias de la planète, en réaction à la publication, dans un congrès d’économistes, d’une étude statistique signée par deux chercheurs de l’Université Cornel (État de New York). Ceux-ci y concluent à une corrélation entre la hausse du nombre d’enfants autistes sur la côte Ouest des États-Unis et la hausse des abonnements au câble et de l’achat de magnétoscopes au cours des dernières décennies.

Les chiffres fournis par la National Austic Society des États-Unis sont, il est vrai, impressionnants: il y a 30 ans, on estimait qu’un individu sur 2500 souffrait d’autisme; aujourd’hui, on parle de un sur 166. Les détracteurs, eux, rétorquent que cette hausse est plutôt le reflet d’un meilleur diagnostic de l’autisme.

Chose certaine, le lien entre autisme et télévision, lui, a rapidement été dénoncé dans certains médias, dont la journaliste du Time qui, dès l’amorce de son article, conclut que si la hausse du nombre d’autistes "est l’un des plus grands mystères de la médecine moderne, il serait irresponsable de blâmer un facteur sans preuve scientifique solide".

Or, les médias sont dans une position délicate, puisque plusieurs, dont le Time, font partie de conglomérats qui englobent de très lucratifs réseaux de télévision. "Puisque le Time se considère apte à accuser les autres d’irresponsabilité", réplique le journaliste qui, dans le cyber-magazine Slate, fut le premier à parler de cette étude, "il aurait été bon que le Time souligne que la compagnie qui le possède a des intérêts financiers à dénoncer cette recherche".

Le débat scientifique n’est même pas commencé qu’il a déjà été submergé par le débat médiatique. Comme cela a déjà été le cas, dans le passé, avec d’autres causes supposées de l’autisme qui, dans les mois ou les années qui ont suivi, ont été chaque fois rejetées par des études plus solides.

24 octobre 2006

Une nouvelle technique d’imagerie révèle des differences dans le cerveau des personnes autistes

Utilisant une nouvelle forme d’imagerie cérébrale appelée «diffusion tensor imaging» (DTI), des chercheurs du Centre d’Imagerie Cognitive du Cerveau de l’université Carnegie Mellon ont découvert que la fameuse matière blanche du cerveau des personnes autistes a une intégrité structurelle plus faible que celle des individus normaux. Ceci apporte une preuve supplémentaire que les différences anatomiques qui caractérisent les cerveaux des personnes avec autisme ont une relation avec la manière dont ces cerveaux traitent l’information.

Les résultats de cette dernière étude ont été publiés dans le journal NeuroReport. Les scientifiques ont utilise la DTI — qui suit le mouvement de l’eau dans le tissu cérébral— pour mesurer l’intégrité structurelle de la matière blanche qui agit comme un câblage reliant ensemble les différentes parties du cerveau. Normalement, les molécules d’eau se déplacent, ou se diffusent, dans une direction parallèle à l’orientation des fibres nerveuses de la matière blanche. Elles sont guidées par la structure cohérence des fibres et par un processus appelé myélinisation, dans lequel une gaine est formée autour des fibres ce qui accroît la vitesse de l’influx nerveux. Le mouvement de l’eau est plus disperse si l’intégrité structurelle des tissus est faible.— c’est à dire si les fibres sont moins denses, d’une organisation moins cohérente, ou moins myélinisées — comme c’était le cas avec les participants autistes de l’étude de Carnegie Mellon. Les chercheurs ont trouvé cette désorganisation tout spécialement dans les aires autour du corps calleux, la large bande de fibres nerveuses qui connecte les deux hémisphères cérébrales.

"Cette réduction de l’intégrité de la matière blanche peut être à l’origine du type de comportements observes dans l’autisme, la limitation des intérêts et la cohérence faible des différentes pensées." Dit Marcel Just, directeur du Centre d’Imagerie Cognitive du Cerveau et co-auteur de cette dernière étude. "Les nouvelles découvertes supportent également une nouvelle théorie de l’autisme qui attribue ce trouble à une mauvaise connectivité entre les aires cérébrales," a dit Just.

En 2004, Just et ses collègues ont proposé la théorie de la mauvaise connectivité en se fondant sur une étude remarquable dans laquelle ils ont découvert des anomalies de la matière blanche qui suggérait un manque de coordination entre les aires cérébrales chez les personnes avec autisme.. Cette théorie permet d’expliquer un paradoxe de l’autisme: Certaines personnes autistes on tune capacité normale ou même supérieure dans certains domaines alors que beaucoup de leurs autres modes de pensée sont désordonnés.

L’été dernier, Just a dirigé une équipe de chercheurs qui a trouvé pour la première fois que l’anomalie de synchronisation entre les aires cérébrales a une relation avec l’anomalie dans la matière blanche. L’équipe a découvert que des portions critiques du corps calleux semblent jouer un rôle dans la mauvaise synchronisation. Chez les personnes autistes, la connectivité anatomique — fonction de la taille de la matière blanche — s’est avérée corrélée positivement avec la connectivité fonctionnelle, qui constitue la synchronisation des aires cérébrales active. Elle a aussi découvert que la connectivité fonctionnelle était moindre chez les participants atteints d’un autisme plus sévère.

Ces études, ainsi que le dernier article, apportent une image détaillée du cerveau autiste, dont les composants opèrent avec une coordination inférieure à la normale, et qui se repose moins sur les composants frontaux et plus sur les composants postérieurs. Les dernières découvertes de la DTI montrent que certains faisceaux de fibres de communication entre les aires frontales et postérieures sont anormaux, ce qui est cohérent avec un degré inférieur de coordination entre les aires frontales et postérieures.

"Les composants cérébraux de l’autiste fonctionnent plutôt comme une jam-session que comme une symphonie," a dit Just.

Cette dernière étude a été cosignée par Rajesh K. Kana et Timothy A. Keller du Centre d’Imagerie Cognitive du Cerveau. Cette recherche a été financée par l’institut National de Santé Infantile.

Source: Université Carnegie Mellon

22 octobre 2006

Un gène lié à l’autisme dans les familles avec plus d’un enfant atteint

Une variante d’un gène s’est avérée liée à l’autisme dans les familles qui on plus d’un enfant atteint par la maladie. Hériter de deux copies de cette variante fait plus que doubler le risqué de développer un trouble du spectre autistique, ont découvert des scientifiques supportés par les National Institutes of Health (NIH), le National Institute of Mental Health (NIMH), le National Institute on Child Health and Human Development (NICHD).

Dans un grand échantillon de 1 231 cas, ils ont retrouvé la trace d’une variation minime d’une partie d’un gène qui l’active ou le désactive.. Les personnes atteintes de troubles du spectre autistique avaient plus de chances d’avoir hérité la version qui diminue de moitié l’expression du gène, ce qui impacte probablement le développement de certaines parties du cerveau impliquées dans la maladie, rapportent les Dr. Daniel Campbell, Pat Levitt et leurs collègues du Vanderbilt Kennedy Center à l’université Vanderbilt, sur internet pendant la semaine du 16 octobre 2006 des Proceedings of the National Academy of Sciences.

"Cette variation commune du gène prédispose probablement à l’autisme en association avec d’autres gènes et facteurs environnementaux," a dit Levitt. "Il exerce l’effet le plus fort à cette date parmi les gènes susceptibles de provoquer l’autisme."

L’autisme est un des troubles mentaux les plus héréditaires. Si l’un de deux jumeaux vrais est atteint, le deuxième à 9 chances sur 10 d’être atteint également. Si un des enfants d’un couple est atteint, les autres enfants ont 35-fois plus de risque que la normale d’être atteint. Pourtant, les scientifiques n’ont à ce jour obtenu que des succès relatifs dans l’identification des gènes impliqués.

Alors que les études précédentes s’étaient focalisées sur les gènes exprimés dans le cerveau, l’équipe de Levitt a trouvé un indice dans le fait que certaines personnes autistes ont aussi des symptômes gastro-intestinaux, immunologiques ou neurologiques en plus de leurs troubles de comportement. Ils se sont concentrés sur un gène affectant ces fonctions périphériques ainsi que le développement du cortex et du cervelet, des zones cérébrales perturbées chez les autistes. De plus, il est localise dans une zone suspecte du chromosome 7 qui a été déjà liée aux troubles du spectre autistique.

Ce gène récepteur MET à tyrosine kinase code la protéine qui relaye les signaux qui activent les mécanismes cellulaires internes et sont connus pour jouer un rôle clef dans le développement normal ou anormal tel que les métastases cancéreuses (d’où son nom). Le groupe de Levitt et d’autres avaient déjà montré que l’affaiblissement des signaux du récepteur avait un impact sur la migration des neurones et perturbait le développement neuronal du cortex et diminuait également la taille du cervelet – des anomalies également constatés chez les autistes.

Pour explorer cette possible relation, les chercheurs ont recherché des liens entre la maladie et neuf marqueurs du gène MET, des sites où les lettres du code génétique varient chez les individus. Ils ont testé deux échantillons : le premier, 204 familles, dont 26 avec plus d’un enfant atteint d’un trouble du spectre autistique, le second, 539 familles, dont 452 avec plusieurs enfants atteint de ces troubles.
Un des marqueurs, la variante-c, se dégage comme étant sur -transmise à des niveaux "hautement significatifs" chez les personnes ayant un trouble du spectre autistique dans les deux échantillons. De plus, cette relation s’est retrouvée seulement pour les familles ayant plus d’un enfant affecté et s’est révélée la plus forte dans le sous-ensemble de ceux ayant un autisme au sens le plus strict. La variante-c était significativement moins prévalante dans le groupe de contrôle de 189 personnes que dans les individus atteints d’autisme ou leurs parents.

Dans des test de culture cellulaires, les chercheurs ont déterminé que la variante-c avait une faible production de la protéine récepteur-MET, diminuant d’un facteur deux l’expression du gène par rapport à la variante-g plus commune du gène, avec des répercussions probablement négatives sur le développement cérébral

Hériter de deux copies de la variante-c augmente le risque de trouble du spectre autistique d’un facteur 2,26, alors qu’hériter d’une seule copie de la variante-c et d’une variante-g n’augmente ce risque que d’un facteur 1,54

"Puisque l’autisme implique probablement des interactions complexes entre de nombreux gènes différents et d’autres facteurs, les facteurs génétiques communs prédisposant à cette maladies ont probablement plus d’influence dans les familles avec de multiples membres atteints," a expliqué Levitt. "Certains cas dans des familles avec un seul membre atteint sont probablement dûs à des problèmes génétiques plus rares où d’autres événements sporadiques. Donc, le fait d’avoir trouvé un lien avec la variante du gène MET seulement dans les familles 'multi-atteintes' renforce son incrimination."

Les chercheurs imaginent que chez certains individus avec un trouble du spectre autistique et qui développent aussi des problèmes du système digestif et immunitaire ou des problèmes neurologiques non-spécifiques, la variante du gène MET joue un rôle dans les anomalies du développement du cerveau et des organes périphériques

"Nous savons que l’autisme est le plus héréditaires des troubles neuropsychiatriques, mais à ce jour; nous n’avons pas identifié les gènes qui sont associés de façon consistante avec cette maladie du développement cérébral, " a dit le Dr Thomas Insel , directeur du NIMH. "Cette nouvelle découverte est un indice important qui, si elle s’avère confirmée par un échantillon indépendant, améliorera notre compréhension des bases génétiques de l’autisme."

Ont aussi participle à cette etude Daniel Campbell, James Sutcliffe, Philip Ebert, Vanderbilt University; Roberto Militerni, Carmela Bravaccio, l’université deNaples (Italie); Simona Trillo, Associazione Anni Verdi; Maurizio Elia, Oasi Maria SS; Cindy Schneider, Center for Autism Research and Education; Raun Melmed, Southwest Autism Research and Resource Center; Roberto Sacco, Antonio Persico, University Campus Bio-Medico et la Fondazione Santa Lucia.

Ces recherches ont été soutenues par The Autism Genetic Resource Exchange (AGRE), Cure Autism Now, le Marino Autism Research Institute, Telethon-Italie, National Alliance for Autism Research, la Fondation Jérôme Lejeune, et NARSAD.

Source: NIH/National Institute of Mental Health

De nouvelles preuves disculpent le vaccin Rougeole Oreillons Rubéole comme facteur de risque d'autisme

Une nouvelle étude du MUHC apporte une preuve concluante que le vaccin rougeole-oreillons-rubéole (ROR) n'est pas lié au développement aux troubles du spectre autistique (TSA). L'étude, parue dans le journal scientifique Pediatrics, montre des erreurs fondamentales dans les études moléculaires précédentes qui ont impliqué à tort le vaccin ROR comme facteur de risque pour l'autisme. Cette étude a résulté d'une collaboration inter-disciplinaire entre le Dr Brian Ward, chef du service maladies infectieuses du MUHC, et le Dr Eric Fombonne, directeur de Psychiatrie Pédiatrique à l'Hôpital pour Enfants de Montréal au MUHC.

"L'hypothèse reliant le vaccin ROR à l'autisme a été supportée au début par les études moléculaires qui ont trouvé que le virus de la rougeole subsistait dans certains tissus biologiques des enfants avec autisme qui avaient été vaccinés ROR," a dit le Dr Eric Fombonne. Yasmin D'Souza, un étudiant diplômé du laboratoire du Dr Ward, a employé une approche particulièrement bien structurée pour découvrir des erreurs techniques dans les études qui avaient incriminé à tort le virus de la rougeole.

"Le manque d'enthousiasme des parents pour faire vacciner leurs enfants à cause de la crainte populaire du vaccin ROR provoquée par ces dernières études a eu comme conséquence des épidémies de rougeole, provoquant probablement le décès de plusieurs enfants en bas âge au Royaume-Uni," a dit le Dr Brian Ward. "Nous espérons que notre enquête sur ces études blanchira enfin le vaccin ROR de ce lien avec l'autisme et rétablira la confiance des parents dans la vaccination de leurs enfants contre cette maladie potentiellement mortelle."

Les preuves biologiques de cette de nouvelle étude du MUHC concorde avec les preuves épidémiologiques d'une étude précédente du MUHC qui montrait également que le vaccin ROR n'avait aucune relation avec l'autisme. L'étude précédente, menée par Dr Fombonne, a été éditée dans le numéro du 5 juillet de Pediatrics. Toutes les études épidémiologiques bien conduites n'ont trouvé aucune association entre le vaccin ROR et l'autisme au niveau global de la population. Les nouvelles données de l'équipe du MUHC démontrent maintenant que le lien hypothétique entre ROR et TSA ne peut plus même plus être supposé au niveau individuel des enfants avec autisme.

La Fondation Crohn and Colitis du Canada et le Fonds de Recherche en Santé du Québec ont financé cette étude.

17 octobre 2006

Un nouveau gène de l'autisme double les risques

Cette découverte suggère que l'autisme est une maladie du cerveau et du corps.

16 oct. 2006 -- Une seule mutation génétique double la susceptibilité pour un enfant de se développer avec de l'autisme, selon une étude dirigée par une équipe de recherche de Vanderbilt.

C'est une découverte avec des implications profondes. Pourquoi ? Parce que ce n'est pas un gène spécifique au cerveau. En fait, il affecte de nombreux systèmes dans le corps, y compris le système immunitaire et la régénération gastro-intestinale. Le gène en question est une forme variable d'un gène appelé MET.

Ceci suggère que l'ensemble complexe de comportements et d'incapacités mentales que nous appelons l'autisme ne peut pas, comme on le pensait précédemment être seulement un problème de développement cérébral. Il peut également être lié à de subtils problèmes développementaux concernant l'ensemble du corps.

L'étude, à laquelle participait Pat Levitt, PhD, du centre Kennedy pour la Recherche sur le Développement Humain de Vanderbilt , apparaît dans la dernière édition en ligne des Proceedings of the National Academy of Sciences.

« Nous supposons que le [gène variant MET ] commun, fonctionnellement défaillant, peut, ainsi que d'autres gènes de vulnérabilité et des facteurs [génétique] et environnementaux, accélérer le début de l'autisme, » suggèrent Levitt et ses collègues .

Un nouveau gène important lié à l'autisme

Les enfants avec autisme semblent se développer normalement dans les premiers temps. Puis ils semblent régresser, perdre des capacités qu'ils avaient acquises et soudainement se retirer dans leur propre monde.

Il y a beaucoup de théories sur les raisons de ces symptômes. Clairement, quelque chose empêche un développement normal.

Le gène MET, remarquent Levitt et ses collègues, code une enzyme importante appelée le récepteur MET. Entre autres fonctions , le récepteur MET envoie des signaux importants pour la croissance de cerveau, la maturation de cerveau, les défenses immunitaires et la
réparation du système gastro-intestinal.

Beaucoup de parents des enfants autistes rapportent que leurs enfants ont des problèmes digestifs et des réactions immunitaires désordonnées. Il n'a jamais été clairement établi de lien direct ou indirect entre ces reactions et l'autisme.

La relation du gène MET avec l'autisme ouvre la voie à de nouvelles recherches passionnantes, estime Matthew W., MD, PhD, directeur du programme neurogénétique à l'université de Yale. L'éditorial de l'état accompagne le rapport de l'équipe de Levitt.

« La possibilité qu'une variante MET puisse induire des dysfonctionnements immunitaires et des perturbations gastro-intestinales en rapport avec des désordres du spectre autistique est une question importante à poursuivre qui mènera probablement à une certaine discussion, » selon State.

Ceci parce que une première théorie pour lier l'autisme, les problèmes gastro-intestinaux et les dysfonctionnements des défenses immunitaires a fait porter, à tort, la responsabilité de ces symptômes sur la vaccination ROR (Rougeole - Oreillons - Rubéole).

Cette théorie, unanimement rejeté à l'exception du seul seul chercheur qu'il l'a proposée, soutient que les enfants qui se développent avec autisme sont particulièrement sensibles aux effets toxiques du thimerosal, une forme de mercure utilisée dans la composition du vaccin.

La théorie du thimerosal a été rejetée par un panel d'experts de l'Institut de Médecine. Maintenant, la découverte de l'implication du gène MET peut relancer la recherche sur le lien entre l'autisme et d'autres problèmes du développement.

« La question essentielle de savoir si et comment la perturbation intestinale, la régression, et les problèmes immunologiques peuvent être reliés entre eux, a été occultée en partie, par la polémique [sur le thimerosal], » écrit State. « Si tout va bien, la présente étude mènera à de nouvelles investigations rigoureuses sur ces questions débarassé de l'inquiétude inutile que constituait l'hypothèse erronée du lien entre autisme et ROR. »

Les enfants autistes d’âge préscolaire sont en retard pour distinguer entre le vivant et l’inanimé

Les jeunes enfants avec autisme semblent être en retard dans la capacité de catégorisation des objets et notamment pour distinguer entre le vivant et les objets inanimés, selon une étude innovante de chercheurs du Children's Hospital de Pittsburgh et de l’université de Carnegie Mellon. L’article a été publié dans le Journal of Developmental and Physical Disabilities et les découvertes pourraient fournir une explication cognitive d’une des caractéristiques de l’autisme: l’incapacité à comprendre les buts et les motivations des autres.

Des recherches précédentes ont montré que les jeunes enfants avec autisme ont les mêmes capacités que les enfants au développement normal pour classer des objets selon des caractéristiques dites « de surface », telles que la taille et la forme. Cependant, ils ont un handicap pour grouper des objets selon des catégories plus abstraites (par exemple, oiseaux, arbres, voitures et meubles). Une caractéristique principale qui différencie le vivant de l’inanimé est la capacité du premier à se déplacer de lui-même et, en tant qu’humains, nous nous appuyons sur les mouvements des autres -- une main qui se tend pour serrer la nôtre, une personne courant vers nous -- pour nous aider à interpréter leurs actions et intentions.

"Personne n’a vraiment étudié les déficits conceptuels des très jeunes enfants comme base possible pour les déficits sociaux et cognitifs chez les enfants plus âgés et les adultes avec autisme," a dit le psychologue David Rakison de Carnegie Mellon, qui a coécrit l’article avec Cynthia Johnson, directrice du centre d’autisme du Children's Hospital de Pittsburgh et professeur auxiliaire de pédiatrie et de psychiatrie au Centre Médical de l’Université de Pittsburgh.

"Cette étude ouvre la voie à des recherches supplémentaires sur les enfants d'âge préscolaire, qui pourraient nous aider à développer des outils de diagnostic et des thérapies possibles," a dit Johnson. « Les enfants avec autisme ont de meilleurs résultats quand ils sont diagnostiqués et commencent un traitement en bas âge."

Dans cette étude, 11 enfants avec autisme, âgés de 34 à 46 mois, ont effectué une série de tâches – dont certaines utilisaient des jouets et d’autres dans lesquelles les enfants suivaient des objets en mouvement sur un écran d’ordinateur. Dans l’une des expériences, les enfants devaient imiter les actions d’un chercheur qui bougeait un jouet en forme de chat. Les enfants pouvaient choisir d’autres objets ayant une similitude variable avec le jouet initial. Dans le cas du jouet en forme de chat, ils pouvaient choisir un jouet en forme de chien (même catégorie et mêmes composants) et de dauphin (même catégorie mais composants différents), une table (mêmes composants – des pieds – mais catégorie différente) et une voiture (composants et catégories différents). Les chercheurs ont étudiés les enfants qui jouaient pour voir s’ils choisissaient un jouet de la même catégorie et avec les mêmes composants que celui choisi par le chercheur et s’ils effectuaient le mouvement approprié.

Les auteurs ont montré que les enfants avec autisme se comportaient comme des enfants ayant la moitié de leur âge (18 à 22 mois). Les enfants avec autisme pouvaient comprendre les relations entre certains composants et le mouvement, comme des jambes et la marche, mais négligeaient d’autres caractéristiques importantes comme le fait que des choses avec des pieds sont vivantes et se déplacent délibérément vers d’autres objets.

"Je n’ai jamais vu un seul article dans lequel les chercheurs auraient étudié ces processus chez des enfants aussi jeunes," a dit Rakison.

Source: Carnegie Mellon University

16 octobre 2006

Miroirs brisés: Une théorie de l'autisme

Par Vilayanur S. Ramachandran et Lindsay M. Oberman
Scientific American, octobre 2006

Les enfants avec autisme pourraient avoir du mal avec les interactions sociales parce que leurs systèmes de neurones miroirs ne fonctionnent pas convenablement.

Au premier regard, il se peut que vous ne remarquiez rien d'anormal en rencontrant un jeune garçon atteint d'autisme. Mais si vous essayez de lui parler, il deviendra rapidement évident que quelque chose va très mal. Il se peut qu'il ne vous regarde pas; au lieu de cela, il se peut qu'il évite de croiser votre regard et qu'il remue, se balance ou frappe sa tête contre les murs. Plus déconcertant encore, il peut être incapable de soutenir une conversation un tant soit peu normale. Même s'il peut ressentir des émotions comme la peur, la colère et le plaisir, il peut n'avoir aucune empathie pour les autres et négliger de subtils signes sociaux que la plupart des enfants n'auraient aucun mal à relever.

Dans les années 1940, deux médecins -- le psychiatre américain Leo Kanner et le pédiatre autrichien Hans Asperger – ont découvert indépendamment ce trouble du développement, qui affecte environ 0,5 pourcent des enfants américains. Aucun des deux chercheurs n'était au courant des recherches de l'autre et pourtant, par une coïncidence extraordinaire, ils ont donné le même nom à ce syndrome: autisme, du mot grec autos, qui signifie "soi-même." Le nom est approprié, du fait que la caractéristique la plus remarquable du trouble est un refus de l'interaction sociale. Plus récemment, les docteurs ont adopté le terme "trouble du spectre autistique" pour dire clairement que la maladie a de nombreuses variantes qui varient énormément en sévérité mais conservent des symptômes caractéristiques communs.

Depuis que l'autisme a été identifié, les chercheurs se sont battus pour déterminer ses causes. Les scientifiques savent que la sensibilité à l'autisme est génétiquement héritée, bien que les risques environnementaux semblent aussi jouer un rôle [voir "The Early Origins of Autism," par Patricia M. Rodier; Scientific American, février 2000]. Depuis la fin des années 1990, les chercheurs de notre laboratoire de l'université de Californie à San Diego, ont commencé à regarder s'il pouvait y avoir un rapport entre l'autisme et un type de cellules nerveuses du cerveau, récemment découvertes, les neurones miroirs. Comme ces neurones paraissaient être impliqués dans des capacités comme l'empathie et la perception des intentions des autres, il semblait logique de supposer qu'un dysfonctionnement du système des neurones miroirs pourrait provoquer certains des symptômes de l'autisme. Durant la dernière décennie, plusieurs études ont apporté des preuves supportant cette théorie. Des recherches ultérieures sur les neurones miroirs pourront expliquer comment l'autisme se déclenche, et ainsi, les docteurs pourront développer de meilleures façons de diagnostiquer et de traiter efficacement la maladie.

Expliquer les symptômes

Bien que les signes principaux de l'autisme sont l'isolation sociale, l'absence de contact visuel, de faibles capacités linguistiques et une absence d'empathie, d'autre symptômes moins connus sont tout aussi évidents. De nombreuses personnes avec autisme ont des problèmes pour comprendre les métaphores, les interprétant parfois littéralement. Ils ont aussi des difficultés à imiter les actions des autres. Ils présentent souvent des préoccupations pour des bagatelles tout en ignorant des aspects importants de leur environnement, notamment l'environnement social. Tout aussi étonnant, le fait qu'ils montrent souvent une aversion extrême pour certains sons qui, pour des raisons inconnues, déclenchent un signal d'alarme dans leur esprit.

Les théories qui ont été proposées pour expliquer l'autisme peuvent être divisées en deux groupes: anatomiques et psychologiques. (Les chercheurs ont rejeté un troisième groupe de théories--comme l"hypothèse de la "mère-réfrigérateur"—qui rejetait la faute de la maladie sur une mauvaise éducation.) Eric Courchesne de l'U.C.S.D. et d'autres anatomistes ont proprement montré que les enfants avec autisme ont des anomalies caractéristiques du cervelet, la structure cérébrale responsable de la coordination des mouvements musculaires volontaires complexes. Bien que ces observations doivent être prises en compte dans toute explication finale de l'autisme, il serait prématuré d'en conclure que les dommages du cervelet soient la seule cause du trouble. Les dommages du cervelet provoqués par une attaque cérébrale chez un enfant, provoquent habituellement des tremblements, un balancement de la démarche et des mouvements anormaux des yeux--des symptômes rarement constatés chez les autistes. Inversement, on ne constate aucun des symptômes de l'autisme chez les patients atteints de maladies du cervelet. Il est possible que les changements du cervelet constatés chez les enfants avec autisme soient des soient des effets secondaires sans rapport avec les gènes anormaux dont les autres effets sont les véritables causes de la maladie.
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VILAYANUR S. RAMACHANDRAN et LINDSAY M. OBERMAN ont fait leurs recherches sur les liens entre l'autisme et le système de neurones miroirs au Center for Brain and Cognition de l'Université de Californie à San Diego. Ramachandran, directeur du centre, a obtenu un doctorat en neurosciences de l'université de Cambridge. Expert renommé des anomalies cérébrales, il a aussi étudié le phénomène des membres fantômes et la synesthésie, qui lui ont valu le prix Henry Dale 2005 et un titre de membre d'honneur de la Royal Institution of Great Britain. Oberman est une étudiante de troisième cycle du laboratoire de Ramachandran à l'U.C.S.D., ayant rejoint le groupe en 2002.

15 octobre 2006

Les aires cérébrales ne communiquent pas efficacement chez les adultes avec autisme

ATLANTA - Un regard nouveau sur le cerveau des adultes avec autisme a fourni de nouvelles preuves que les différentes aires cérébrales des personnes atteintes par ce trouble du développement pourraient ne pas communiquer entre elles aussi efficacement qu'elles le font chez les autres.

Les chercheurs du Centre de l'Autisme de l'université de Washington annonceront aujourd'hui, lors de la réunion annuelle de la Société de Neuroscience, la première étude qui a mesuré l'activité neurale en employant l'électroencéphalographie à haute résolution (EEG) pour examiner les connexions du cortex cérébral, la partie du cerveau qui gère les processus cognitifs supérieurs.

Par comparaison avec les individus au développement normal, les scientifiques ont trouvé des modèles de connectivité anormale entre les aires cérébrales des personnes avec autisme. Ces anomalies ont montré à la fois une sur-connectivité et une sous-connectivité entre les neurones de différentes parties du cortex, selon Michael Murias, un chercheur postdoctoral qui a dirigé cette étude.

"Nos découvertes indiquent des différences de l'activité neurale coordonnée chez les adultes avec autisme," a dit Murias, "ce qui implique une communication interne réduite entre les aires cérébrales."

Les chercheurs de l'UW ont analysé les EEG de 36 adultes entre 19 à 38 ans. La moitié des adultes était atteinte d'autisme et tous avaient un QI de 80 au moins. Les EEG, qui mesurent l'activité des centaines de millions de cellules de cerveau, ont été collectés avec une rangée de 124 électrodes alors que les gens étaient assis et se relaxaient, les yeux fermés pendant deux minutes.

Les chercheurs ont trouvé des modèles de connectivité neurale supérieure à la normale dans l'hémisphère gauche, en particulier dans le lobe temporal des personnes avec autisme pour deux fréquences différentes des ondes cérébrales, dans les bandes d'ondes delta et thêta. Cette région du cerveau est associée au langage, fonction qui est altérée chez beaucoup de personnes avec autisme.

Un modèle global de connectivité neurale réduite entre les lobes frontaux et le reste du cerveau des autistes est apparu dans la bande des ondes alpha. Ces découvertes confirment plusieurs autres études utilisant l'imagerie par résonance magnétique et la tomographie par émission de positron, qui mesurent toutes les deux l'activité du cerveau en mesurant l'afflux de sang. Des études post mortem suggèrent également des défauts de communication au niveau des cellules cérébrales individuelles.

Cette sur et sous-abondance de connexions neurales suggère une communication inefficace et erratique dans le cerveau des personnes avec autisme et peut expliquer certains déficits des personnes ayant ce trouble.

Cette recherche a des applications pratiques. Murias croit que les modèles anormaux d'activité cérébrale sont un marqueur biologique potentiel d'autisme et peuvent aider à définir le phénotype, les caractéristiques principales, de l'autisme. Ses collègues de l'UW pensent que des techniques d'EEG peuvent être employées sur les enfants en bas âge pour permettre la détection précoce de l'autisme, ce qui est critique pour intervenir sur ce trouble. Les autres membres de l'équipe de recherche font partie du Centre de l'Autisme de l'UW, dont Geraldine Dawson directrice du Centre et professeur de psychologie, Sara Webb, professeur auxiliaire de psychiatrie et de sciences comportementales, Jessica Greenson, chercheuse scientifique et Kristen Merkle, assistante d'études de recherches. L'Institut National de Recherche sur la Santé Mentale pour l'Avancement de la Recherche et le Traitement de l'Autisme ainsi que la Perry Research Fellowship Endowment ont subventionné ces recherches.

L'autisme, un ensemble de troubles du développement, est le plus commun de ce type de troubles aux Etats-Unis. On estime qu'il affecte un enfant sur 166. L'autisme est caractérisé par une incapacité à communiquer et à interagir avec d'autres personnes et ceux qui en sont atteints ont habituellement des activités et des intérêts restreints.

26 septembre 2006

Les scientifiques décodent les détails moléculaires d'un défaut

En utilisant un modèle animal, les neuroscientifiques de Göttingen ont examiné les effets des mutations génétiques à l'origine de l'autisme chez l'homme. Ce sont des mutations sur des gènes qui portent les instructions de construction pour des protéines de la famille de neuroligines. L'étude éditée dans la revue scientifique Neuron (le 21 septembre 2006) prouve que les neuroligines assurent la transmission de signaux entre les cellules nerveuses. Dans le cerveau des souris génétiquement modifiées pour être sans neuroligines, les points de contact par lesquels les cellules nerveuses communiquent, les synapses, ne se développent pas. Les chercheurs supposent que des troubles similaires se retrouvent chez les patients autistes.

L'autisme est l'une des maladies psychiatriques les plus communes. Environ 0,5 % des enfants en bas âge présentent un syndrome apparenté du « spectre autistique ». Les principaux symptômes de ce trouble du développement sont le retard ou l'absence de langage, des troubles du comportement social et des stéréotypies. Chez de nombreux patients, il existe une déficience mentale. Les personnes avec autisme qui présentent un haut niveau de fonctionnement cognitif ou des compétences exceptionnelles dans un secteur particulier, appelés « autistes savants », comme le personnage principal du film « Rain man», sont rares.

Jusqu'au milieu du siècle dernier, le comportement particulièrement froid des mères était considéré comme la cause de l'autisme. Cependant, la théorie « des mères frigidaires » a été réfutée. La croyance très répandue dans les années 90 que le vaccin ROR (Rougeole, Oreillons, Rubéole) pourrait être la cause de l"autisme chez les enfants en bas âge ne repose sur aucune base scientifique. Aujourd'hui, il est clair que les facteurs génétiques sont la cause principale de l'autisme. Les études sur les jumeaux monozygotes sont particulièrement convaincantes sur ce point - la probabilité que le vrai jumeau d'une personne autiste soit également atteinte d'autisme varie entre 80 et 95 pour cent.

En 2003, le généticien français Thomas Bourgeron a montré dans une recherche sur les familles avec plusieurs enfants autistes que les mutations dans les deux gènes NLGN3 et NLGN4X ont entraîné un arrêt complet de la fonction des gènes et ont déclenché l'autisme chez les patients affectés. Le travail de Bourgeron a causé une onde de choc parmi les instituts neuroscientifiques du monde entier, ou les gènes NLGN n'étaient pas inconnus. Ils sont responsables de la création de deux protéines, neuroligine-3 et neuroligine-4, qui sont considérées comme jouant un rôle important dans la structure des contacts entre les cellules nerveuses.

Les cellules nerveuses communiquent entre elles en des points de contact spécialisés appelés synapses. Une fois stimulée, une cellule de transmission nerveuse émet des neurotransmetteurs. Ces signaux moléculaires atteignent la cellule réceptrice et modifient son niveau d'activité - pourvu que la cellule réceptrice dispose 'd'antennes' sur ses synapses - de sites de réception spécifiques à ces signaux chimiques. Les scientifiques pensent que ce processus pourrait être perturbé si les cellules nerveuses ne disposent pas de neuroligines.

Au moment de la découverte de Bourgeron, Nils Brose et Frederique Varoqueaux, neuroscientifiques à l'institut de Médecine Expérimentale Max Planck à Göttingen, en collaboration avec leurs collègues Weiqi Zhang et Thomas Südhof travaillaient déjà sur les neuroligines depuis dix ans - mais chez les souris et non chez l'homme. « Nous avions même déjà créé des souris mutantes qui, en termes fonctionnels, portaient les mêmes mutations que celles qui se produisent chez les patients autistes. Nos souris manquaient également soit de neuroligine-3 soit neuroligine-4, » indique Brose. Les chercheurs étaient en possession du premier modèle animal génétique de l'autisme.

Une étude éditée par Brose, Varoqueaux et Zhang dans le journal spécialisé Neuron a prouvé que ce modèle met en évidence un défaut de fonctionnement dans la transmission des signaux entre les cellules nerveuses. Avec son collègue Varoqueaux, Brose a créé une lignée de souris qui non seulement ne dispose pas de neuroligine-1 ou de neuroligine-2, tous deux associées à l'autisme, mais qui manque des quatre variantes connues de la protéine simultanément. Les conséquences sont encore plus dramatiques qu'avec les patients autistes, chez lesquels la mutation porte seulement sur un gène de neuroligine. Sans aucune neuroligine, les fonctions du système nerveux se délitent complètement et les animaux génétiquement modifiés meurent juste après la naissance. Cependant, leurs cellules nerveuses peuvent être examinées en détail. Selon Brose, « elles fournissent des résultats importants non seulement pour la recherche de cerveau en général, mais également sur les causes possibles de l'autisme. Nos investigations prouvent que les neuroligines règlent la maturation des synapses. Elles s'assurent qu'il y a sufisamment de protéines réceptrices sur la membrane synaptique de la cellule de réception. »

Ce qui était à l'origine un pur projet de recherche fondamentale a acquis une pertinence médecale. « Ce que nous voyons chez nos animaux mutants en déficit de neuroligine est une forme plus intense du défaut de fonctionnement qui se produit dans le cerveau des personnes autistes, » dit Brose. « Je pense que l'autisme est une maladie des synapses, un synaptopathie. » Les chercheurs de l'Institut Max Planck de Göttingen veulent maintenant effectuer une analyse de la biologie comportementale des souris mutantes non plus privées de tous les neuroligines, mais seulement privées de neuroligine-3 ou de neuroligine-4, ainsi que le sont les patients avec autisme qui présentent des mutations de neuroligine. Les souris mutantes appropriées sont disponibles dans le laboratoire depuis longtemps, « mais nous avons commençé il y a seulement quelques mois à analyser leur comportement avec des spécialistes , » dit Brose. Les premiers résultats semblent plein de promesses - les souris mutantes en neuroligine-4 ont évidemment des comportements sociaux perturbés et des comportemements anxieux. « Si nous réussissons à observer des changements comportementaux très similaires à l'autisme chez notre souris mutante, alors le passage au diagnostic expérimental et à la thérapie sur le modèle animal deviendra possible. »

D'un point de vue génétique, les scientifiques de Göttingen disposent du meilleur modèle animal connu pour l'autisme dans le monde entier. Cependant, il y a une limite : très peu de cas d'autismes sont provoqués par des mutations de neuroligine et, à de rares exceptions, personne ne sait quels sont les défauts génétiques des nombreuses personnes atteintes d'autres formes d'autisme.

10 septembre 2006

Lancement de trois nouvelles études cliniques sur l'autisme aux U.S.A.

L'Institut National de la Santé Mentale (NIMH), membre des Instituts Nationaux de la Santé (NIH), a lancé trois grandes études cliniques sur l'autisme dans son programme de recherche sur le campus du NIH à Bethesda, dans le Maryland. Ces études sont les premières réalisations sur une nouvelle façon de voir l'autisme, en réponse à l'augmentation avérée du taux de prévalence de l’autisme et des nouvelles pistes de progrès. Les premières études définiront les caractéristiques de différents sous-types des désordres du spectre autistique (DSA) (http://www.nimh.nih.gov/healthinformation/autismmenu.cfm) et exploreront les nouveaux traitements possibles.

Une étude définira les différences, biologiques et comportementales, chez l'enfant autiste avec des histoires développementales variées. De plus en plus, les scientifiques considèrent l'existence vraisemblable 'd'autismes', c'est-à-dire de désordres multiples, dont l'autisme. Ces études ont pour but de mieux définir les sous-types d'autisme. Les enfants avec autisme régressif semblent développer un langage normal et des aptitudes sociales mais ils perdent ces derniers avec le début de l'autisme avant l'âge de 3 ans. L'autisme non régressif, la forme plus fréquente du désordre, commence tôt dans la vie, probablement avant la naissance, avec des maanifestations subtiles de déficits tout au long du développement. Des enfants avec ces deux formes d'autisme seront comparés à ceux qui ont d'autres désordres développementaux, y compris diverses formes de retard développemental, ainsi qu'avec des enfants avec un développement normal. En outre, les chercheurs étudieront un sous-ensemble des enfants dans cette étude pour étudier les facteurs environnementaux qui peuvent déclencher des symptômes d'autisme.

Dans une autre étude, les chercheurs de NIMH examineront l'utilisation d'un antibiotique, la minocycline, pour mesurer son utilité dans le traitement de l'autisme régressif. Les dernières recherches suggèrent que l'autisme puisse être lié à des modifications de la réponse immunitaire qui auraient causé une inflammation cérébrale. La minocycline a des effets anti-inflammatoires connus et a montré son efficacité dans d'autres désordres cérébraux comme la maladie de Huntington.

La troisième étude cherche à vérifier la théorie répandue mais non prouvée que l'autisme peut être traité avec succès par la thérapie par chélation, qui cherche à éliminer les métaux lourds dans le sang. La chélation est généralement employée pour traiter l'intoxication au plomb, mais actuellement, beaucoup de familles tentent le traitement pour essayer d'enlever le mercure et d'autres métaux dans le sang de leur enfant autiste. Cette pratique est basée sur la croyance que de nombreux cas d'autisme ont été provoqués par exposition au thimerosal, un conservateur dérivé du mercure, utilisé auparavant dans les vaccins pour enfant. Selon la Food and Drug Administration, depuis 2001, tous les vaccins recommandés pour des enfants 6 ans et moins ne contiennent plus de thimerosal ou seulement des traces, excepté le vaccin inactivé de la grippe, qui est fabriqué en deux conditionnements avec et sans thimerosal. Le vaccin de la grippe sans thimerosal, autorisé pour les enfants âgés de de 6 à 23 mois, est disponible en quantité limitée. En plus, les nouveaux vaccins pédiatriques autorisés ne contiennent pas thimerosal. Néanmoins, de nombreuses familles continuent de se tourner vers la chélation pour soigner l'autisme. Le NIMH entreprendra une étude avec groupe de contrôle pour examiner l'efficacité et l'inocuité de la chélation pour des enfants avec des désordres du spectre autistique. Cependant, la chélation peut également enlever les aliments minéraux essentiels, tels que le calcium, le fer, et le zinc.
"Comme la thérapie par chélation n'est pas spécifique au seul mercure, il est important pour conduire une recherche systématique, afin de déterminer si la thérapie de chélation est bénéfique ou otentiellement dangereuse pour les enfants avec autisme", indique le Docteur Sasan Swedo, qui dirige le secteur de la recherche pédiatrique comportementale à la Division of Intramural Research Programs du NIMH (http://intramural.nimh.nih.gov/), où les études sur l'autisme sont en cours.

L'autisme est un trouble mental qui surgit dans la petite enfance et est caractérisé par des retards du développement des aptitudes sociales et des capacités de communication, ainsi que par des intérêts restreints et des comportements stéréotypés. L'autisme revêt de nombreuses formes et peut être associé à différentes pathologies. Il fait partie d'un groupe plus important de désordres, souvent désigné sous le nom de Désordres du Spectre Autistique (DSA), incluant également le syndrome d'Asperger et le Trouble Envahissant du Développement. Développer de meilleurs outils de diagnostic, une meilleur vision de l'autisme et trouver des traitements efficaces passe par l'obtention de plus d'informations sur ces différents désordres et sous-types, dont on estime qu'ils affectent actuellement entre 2 et 6 enfants sur 1000.

L'Intramural Research Program du NIMH est impliqué dans la réalisation de recherches cliniques fiables et impartiales pour améliorer la santé humaine. Chacune des études proposées a subi un processus critique rigoureux pour s'assurer de la qualité et de la sûrete des recherches. Pour en savoir plus sur ce processus ou trouver des informations générales sur des essais cliniques, visitez http://clinicaltrials.gov/.

Environ 500 scientifiques travaillent à la Divison of Intramural Research Programs (http://intramural.nimh.nih.gov/) situé sur le campus principal du NIH à Bethesda, dans le Maryland. Les scientifiques de l'Intramural vont de biologistes moléculaires travaillant en laboratoire à des chercheurs cliniciens travaillant avec des patients du NIH Clinical Center. A travers sa Division of Extramural Activities (http://www.nimh.nih.gov/dea/index.cfm), le NIMH finance plus de 3500 bourses de recherche et contracts avec des chercheurs d'université et d'autres institutions à travers le pays et à l'étranger. Eb moyenne, plus de 80 pour cent du budget de recherche du NIMH est alloué aux recherches extérieures. Pour en savoir plus sur les différentes divisions de recherches du NIMH, visitez http://www.nimh.nih.gov/about/compon.cfm.

Les Instituts Nationaux de la Santé (NIH) — l'Agence Nationale de Recherche Médicale — inclut 27 Instituts et Centres et font partie du Ministère de la Santé et des Affaires Humaines US. C'est la principale agence fédérale pour diriger et financer des recherches médicale de base, essais cliniques et leur traduction, et recherche les causes, pour traiter et guérir les maladies communes ou rares. Pour plus dinformation sur le NIH et ses programmes, visitez http://www.nih.gov/.

08 septembre 2006

Un "X" marque la cachette des gènes de l'autisme

Un nouveau facteur de risque d'autisme, non reconnu précédemment, a peut-être été trouvé, sous forme de mutations qui affectent le développement neuronal dans une région du cerveau importante pour l'apprentissage et les interactions sociales.

L'autisme est a peu près quatre fois plus fréquent chez les garçons que chez les filles; ce qui suggère que les mutations sur le chromosome de X jouent un rôle, car les garçons n'ont pas de deuxième chromosome X qui pourrait compenser des anomalies génétiques. Les études ont bien identifié plusieurs centaines de gènes candidats, mais jusqu'à ce jour, aucun lien concluant à une mutation spécifique n'avait été trouvé.

Aujourd'hui, une recherche internationale d'une quinzaine d'années a identifié deux mutations différentes du même gène sur le chromosome X, qui semblent être liées à l'autisme dans deux familles indépendantes (/psychiatrie moléculaire/, DOI : 10.1038/sj.mp.4001883). Le gène code une protéine appelée L10, un composant essentiel des ribosomes; les structures qui construisent des protéines. L10 est généralement fabriqué au niveau de l'hippocampe, une région du cerveau importante pour l'apprentissage, la mémorisation ainsi que pour les fonctions sociales
et l'émotion.

Le principal auteur, Sabine Klauck de la Division of Molecular Genome Analysis au centre allemand de recherche sur le cancer d'Heidelberg dit que les mutations sont rares, et non présentes chez leurs autres patients. Mais ils indiquent une voie importante par laquelle les différents défauts génétiques pourraient mener à différents types d'autisme.

Essi Viding du Collège Universitaire de Londres indique que les résultats sont en conformité avec les changements structuraux de cerveau vus dans l'autisme, mais elle avertit que beaucoup d'autres gènes peuvent être impliqués.

Extrait du numéro 2568 du New Scientist magazine, 8 septembre 2006, page 20

05 septembre 2006

Les pères âgés auraient un risque accru d'avoir des enfants autistes

Les enfants de pères âgés de 40 ans et plus auraient un risque augmenté d'être atteint d'autisme ou de syndromes apparentés comparés à ceux nés de pères de moins de 30 ans, d'après une étude publiée dans la revue spécialisée américaine Archives of General Psychiatry de septembre.

L'étude apporte "le premier élément de preuve convaincant qu'un âge paternel avancé représente un facteur de risque d'avoir un enfant souffrant de troubles autistiques", estiment les auteurs, Abraham Reichenberg de Mount Sinai School of Medicine (New York) et ses collègues de Londres (Institute of Psychiatry, King's College). Les auteurs admettent cependant que des "travaux complémentaires sont nécessaires pour confirmer cette interprétation". L'étude a porté sur 132.271 enfants juifs nés en Israel dans les années 1980.

Pour l'enfant, le risque d'être atteint de ces troubles du développement, marqués par des difficultés de communication, serait près de six fois plus élevé lorsque le père avait 40 ans ou était plus âgé au moment de la conception, par comparaison à ceux dont le père avait 29 ans ou moins. L'étude n'a pas retrouvé d'association avec l'âge maternel.

L'autisme et les formes apparentées sont devenus de plus en plus courants aux Etats-Unis, touchant 50 enfants sur 10.000 contre 5 sur 10.000 il y a vingt ans, selon les auteurs. Une augmentation partiellement due à une plus grande sensibilisation et à des changements des modalités diagnostiques, mais qui pourrait aussi refléter une augmentation de l'incidence de l'autisme. Des mécanismes génétiques pourraient expliquer cette association entre autisme et âge paternel, dont des mutations spontanées lors de la formation du sperme.

American Journal of Psychiatry 163:1622-1629, September 2006
doi: 10.1176/appi.ajp.163.9.1622
© 2006 American Psychiatric Association

23 août 2006

Study Provides New Insights Into Brain Organization

Scientists have provided new insights into how the brain is organised - knowledge which could eventually inform diagnosis of and treatments for conditions like Alzheimer’s Disease and autism.

A study by Newcastle University and the International University Bremen, Germany debunked a prevailing theory that the nervous system should have mainly very short nerve fibre connections between nerve cells, or neurons, to function at its most effective.

Instead the study, which carried out a sophisticated computer analysis of public databases containing detailed information of worldwide anatomical studies on primate and worm brains, found that long nerve fibre connections were just as vital to overall brain function as short ones.

Much of what we know about the human brain derives from neuroscience research on primates, which are used because they have have experienced similar evolutionary stages to humans.

Brain scans of Alzheimer’s patients and people with autism have shown that they are lacking certain long-distance neural interactions, although experts have yet to discover their specific purpose.

The new study, published in the academic journal PLoS Computational Biology, found that long fibres are important because they can send messages quickly over a longer distance compared with if the same message was sent over the same distance via lots of short fibres. It also found that long fibres are more reliable for transmission of messages over longer distances.

“You can draw parallels with a train journey from Newcastle to London,” said lead researcher, Dr Marcus Kaiser (pictured), of Newcastle University’s School of Computing Science and the University’s Institute of neuroscience.

“For example, you would get to London much more quickly and easily if you took a direct train there. However, if you had to make the journey via Durham, Leeds and Stevenage, changing trains each time, then it will take you longer to get there, and there is the possibility you would miss a connection at some point. It’s the same in the human brain.”

The computer programme, run over several days, took information about the length of nerve fibres in the primate brain and neuronal connections called axons in the brain of a species of worm known as Caenorhabditis elegans. It then tested if the total length of fibres could be reduced, by testing billions of different position arrangements. Indeed, wiring lengths could be reduced by up to 50% owing to the fact that neural systems have surprisingly many long-distance connections.

Co-researcher Dr Claus Hilgetag, an associate professor with International University Bremen’s School of Engineering and Science, said: “Many people have suggested that the brain is like a computer and that for optimum effectiveness it should have mainly short connections between the nerve cells. Our research suggests that a combination of different lengths of neural projections is essential.

“It is particularly interesting that we made the same observations in both the primate and the worm as their brains are very different in terms of shape and size.”

Although it is too early for the research to have direct clinical applications, the researchers suggest that it may eventually contribute towards insights into the diagnosis and possibly the treatment of patients with Alzheimer’s and autism if more information about neural networks - and specifically what the long and short nerve fibres do in the brain - is garnered.

One potential development could be a predictive test for the conditions, which examines and analyses a patient’s brain organisation, aiding diagnosis and possibly showing how the condition may develop over the coming years.

The study is the most comprehensive yet to look at the spatial organisation of the nervous system in primates and worms.

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RESUME

Le cerveau des primates et des vers est très différent à la fois en taille et en volume. Pourtant les observations faites par les chercheurs de l’Université de Newcastle et de l’Université Internationale de Brême à partir des données anatomiques des cerveaux des primates et des vers sont identiques. Elles remettent en cause l’idée courante selon laquelle pour bien fonctionner un cerveau doit avoir un maximum de connexions courtes entre ses cellules avec des fibres nerveuses courtes.

L’étude montre que les fibres longues sont aussi vitales que les fibres courtes pour le fonctionnement global du cerveau car elles permettent à l’information de voyager plus vite et plus de façon plus fiable pour la transmission des messages sur de longues distances. La combinaison des connexions de différentes longueurs est essentielle à l’efficacité optimale du cerveau.

Les scanners des cerveaux de patients avec la maladie d’Alzheimer ou de personnes avec autisme ont montré qu’ils sont déficients dans certaines interactions à longue distance, bien que les experts aient encore à découvrir leur rôle spécifique.

Bien qu’il soit trop tôt pour que cette recherche débouche sur des applications cliniques, les chercheurs suggèrent que cela pourrait contribuer au diagnostic et à un traitement possible de patients avec la maladie d’Alzheimer ou de personnes avec autisme si plus d’informations sur le travail des fibres nerveuses courtes et des fibres nerveuses longues dans le cerveau, sont recueillies.

22 août 2006

Finding Adds Another Piece to Autism Puzzle

By Leslie Sabbagh

HealthDay Reporter

MONDAY, Aug. 21 (HealthDay News) -- Contrary to common medical thought, young children with autism do not have accelerated brain growth even though their brains appear enlarged, new research claims.

The finding, published in the Aug. 22 issue of Neurology, confirms some earlier reports and conflicts with others.

Dr. Stephen Dager, of the University of Washington School of Medicine, and his colleagues compared 60 autistic children to 16 children with developmental delay and 10 children with typical development. They used magnetic resonance imaging (MRI) scans to measure the transverse relaxation (T2) of gray and white matter in the children's cortexes. This measures how much water is moving around inside brain tissue, and it gives clinicians an indirect way to measure brain maturation.

The researchers found the autistic children had differences in the gray matter of their brains compared to the children with typical development. A number of studies has suggested the brains of younger children with autism are 10 percent larger, Dager explained. This new research honed in on tissue chemistry and found the abnormality wasn't due to lack of "pruning," which is how the normal developing brain rids itself of unnecessary neurons.

The abnormality is "clearly not accelerated brain growth. An alternative hypothesis could be inflammatory processes. Our data would be consistent with adult studies that found higher levels of cytokines, associated with inflammation, in postmortem studies," he explained.

A popular current theory is that autistic children have more rapid brain growth that plateaus at the age of 5 or 6. "We didn't find evidence for that, just the opposite, in fact," Dager said. "The processes that go along with brain maturation were slower in the autistic brains, particularly in gray matter."

The finding is "tantalizing," said Andrew Shih, director of research and programs at the National Alliance for Autism Research. "This is one of the first attempts to differentiate beyond volumetric difference to really look at what's behind those differences."

The field, he explained, has been "intrigued by reports last year that suggest a model of autism could be premature development or unchecked brain growth leading to disorganized circuitry. The thinking was, synaptic pruning didn't occur, so that noise became predominant over signal itself."

But Dager's study suggests gray matter development in autism involves the same volume as normal brains, but fewer neurons. "The convergence of evidence now seems to suggest a model in which gray matter abnormality could be inflammatory. T2 measures water molecules, and the findings here suggest there's more water in these kids' brains...," Shih explained.

The differences in gray matter were found only in the brains of autistic children, while both gray and white matter differences were found in the brains of children with learning delays. For children with learning delays, the findings suggest slowed neuronal development is to blame, while autistic children have a different kind of neuronal development abnormality, possibly induced by inflammation. Gray matter consists of the brain's neurons, while white matter is the brain's wiring system.

Another important finding, that gray matter seems to be affected differently in autism, supports earlier research. "There's evidence of connectivity problems at older ages; in younger ages, it seems gray matter is problematic. Autism is a developmental problem and evolves as people age," he noted.

Autism affects up to one in every 175 school-age children, according to a recent study from the U.S. Centers for Disease Control and Prevention.

The government researchers also found that boys are nearly four times more likely to be diagnosed with autism than girls, and Hispanic parents were slightly less likely than non-Hispanic whites to report a child with autism, although this may be due to cultural or other factors, including access to medical care.

In the end, the findings only add another piece to the jigsaw puzzle that is autism, Dager said, adding, "We're no closer to a treatment."

Other new research is also starting to unravel common beliefs about this disorder. In addition to social interaction problems, a study in the current issue of Child Neuropsychology found autism prevents different parts of the brain from working together. That makes complex tasks, such as tying shoelaces, much more difficult. The children studied were 8 to 15 years old.

More information

For more information on autism, go to National Institute of Mental Health (www.nimh.nih.gov ).

SOURCES: Stephen Dager, M.D., professor, radiology research, Center on Human Development and Disability, University of Washington School of Medicine, Seattle; Andrew Shih, director, research and programs, National Alliance of Autism Research, Princeton, N.J,; Aug. 22, 2006, Neurology

16 août 2006

Un gène lié à l'évolution du cerveau humain

Le Soir en ligne, Sciences et santé.

Une recherche belgo-américaine vient d'aboutir à la découverte de ce qui pourrait être un gène clef de l'évolution du cerveau humain. Ce travail permet d'ouvrir de nouvelles perspectives notamment en médecine et en biologie.

Ce gène clef, appelé HAR1 (Human Accelerated Region 1), a été découvert initialement par des méthodes de comparaison des génomes de l'homme, du chimpanzé et des rongeurs, visant à identifier les portions de notre génome qui ont évolué le plus rapidement depuis la divergence entre l'espèce humaine et ces autres espèces, il y a plusieurs millions d'années.

Le gène HAR1 ne permet pas la production de protéines (qui remplissent des fonctions très diverses dans notre organisme), mais bien la production d'un ARN à la structure élaborée. L'ARN, qui du point de vue de sa structure moléculaire est similaire à l'ADN, se distingue par son rôle essentiel de messager de l'information génétique. L'ARN est un intermédiaire-convoyeur entre l'ADN et les structures cellulaires, chargées de la production des protéines.

Du fait de l'évolution très accélérée de HAR1 dans la lignée humaine, cet ARN a acquis une structure unique, propre à l'homme.

Qui plus est, HAR1 serait particulièrement actif dans le cortex cérébral en développement, au sein de cellules très spécialisées, les neurones de Cajal-Retzius, qui jouent un rôle primordial dans le développement harmonieux du cortex cérébral.

Ces découvertes permettent d'ouvrir de nouvelles perspectives quant à plusieurs aspects importants de médecine et de biologie. En effet, il est possible que les mutations de HAR1 puissent entraîner des anomalies du cortex cérébral, associées à des retards mentaux et des épilepsies, et des anomalies du développement des fonctions cérébrales supérieures propres à certaines affections neuropsychiatriques, comme la schizophrénie ou l'autisme.

Le travail est une collaboration entre des chercheurs belges (groupe de Pierre Vanderhaegen, chercheurs FNRS à l'IRIBHM, Université Libre de Bruxelles) et américains (groupe de David Haussler, Université de Santa Cruz). Les résultats sont publiés dans la revue "Nature".

(D'après Belga)

L'autisme « affecte l'ensemble du cerveau »

Traduction de l'article de la BBC, publié le 16/08/2006, intitulé "Autism 'affects all of the brain"

L'autisme n'affecte pas simplement la façon dont les personnes entrent en relation avec autrui mais il a aussi un large éventail d'effets, ainsi que le suggère, cette étude.

Des chercheurs américains ont comparé 56 enfants avec autisme avec 56 sans autisme.

Ceux qui avaient de l'autisme se sont avérés avoir plus de problèmes avec des tâches complexes, tel qu'attacher leurs lacets, suggérant que beaucoup de secteurs du cerveau étaient affectés.

Un expert anglais de l'autisme précise que l'étude de la neuropsychologie infantile a montré combien le trouble était envahissant :

"Les difficultés sociales ont reçu beaucoup d'attention lors des recherches mais cette nouvelle étude nous rappelle que les causes de l'autisme ont des effets plus larges.", Professeur Simon Baron Cohen, Centre de Recherches sur l'Autisme.

Les personnes avec autisme sont traditionnellement considérées comme ayant des problèmes d'interaction avec autrui et des difficultés dans la communication verbale et non-verbale.

Elles peuvent également avoir des comportements stéréotypés et des intérêts très limités.

Mais cette étude suggère que l'autisme peut affecter la perception, le mouvement et la mémoire sensorielle parce qu'il empêche différentes parties du cerveau travaillant ensemble de réaliser des tâches complexes.

Lacets « difficiles »

Les enfants avec autisme de l'étude étaient tous capable de parler, de lire et d'écrire.

Tout ceux étudiés par l'équipe du Collaborative Program of Excellence étaient âgés de 8 à 15 ans.

Tandis que les enfants avec autisme réussissaient aussi bien, et même parfois mieux, que les autres enfants dans les tests de base, ils ont tous éprouvé des difficultés dans les tâches complexes.

Ainsi dans les tests visuels et spatiaux, les enfants avec autisme étaient très performants pour retrouver des petits objets dans une image complexe, ou bien pour retrouver le personnage Waldo dans les livres de la série « où est Waldo ?». Mais quand ils ont été invités à faire la différence entre les personnes qui se ressemblaient, ils ont trouvé cela très difficile.

Alors que les enfants avec autisme avaient tendance à être très bons en énonciation et en grammaire, ils ont eu plus beaucoup de mal à comprendre les figures complexes du discours, telles que les idiomes - où la signification de l'expression n'est pas identique à ce que les mots réels suggèrent.

Par exemple, ils ne comprendraient pas l'expression "casser sa pipe" signifiant que quelqu'un était mort puisqu'on ne peut être mort et être susceptible de "casser sa pipe".

Les enfants avec autisme avaient également des problèmes avec leur écriture.

Câblage « défectueux »

Nancy Minshew, une spécialiste en psychiatrie et neurologie de l'Université de Médecine de Pittsburgh , qui a mené cette recherche, a indiqué : « Ces résultats prouvent que vous ne pouvez pas compartimenter l'autisme. Il est beaucoup trop complexe".

Elle a expliqué que les chercheurs qui étudent l'autisme doivent rechercher les causes qui affectent des secteurs multiples du cerveau, plutôt que regarder simplement des secteurs reliés à la communication et aux comportement stéréotypés et compulsifs.

Le docteur Minshew a ajouté : « Notre étude suggère fortement que l'autisme n'est pas principalement un désordre d'interaction sociale mais un désordre global affectant la façon dont le cerveau traite l'information qu'il reçoit - particulièrement quand l'information devient compliquée. »

L'équipe avait précédemment trouvé, en regardant des scanners de cerveau, que les personnes avec autisme avaient des anomalies dans le câblage neurologique par lequel différents secteurs du cerveau communiquent.

Elle a dit que ces anomalies étaient susceptibles d'expliquer pourquoi les enfants avec autisme dans l'étude ont eu des problèmes avec des tâches complexes mais ont bien réussi dans les tâches qui ont seulement exigé la mobilisation d'une seule région du cerveau.

Professeur Simon baron Cohen, chef du Centre de Recherches sur l'Autisme de Cambridge, a dit : « Cette nouvelle étude est importante car elle ne se limite pas au fonctionnement atypique dans des domaines sociaux et non-sociaux, des personnes qui sont dans le spectre autistique.

« Précédemment les difficultés sociales ont suscité beaucoup d'attention de recherches.

« Mais cette nouvelle étude nous rappelle que les causes de l'autisme ont bien plus d'effets. »

BBC, 2006

Autism 'affects all of the brain'

Autism does not simply affect how people relate to others but has a wide range of effects, a study suggests.

US researchers compared 56 children with autism with 56 who did not have the condition.

Those with autism were found to have more problems with complex tasks, such as tying their shoelaces, suggesting many areas of the brain were affected.

A UK autism expert said the Child Neuropsychology study showed how pervasive the condition was.


The social difficulties have received a great deal of research attention but this new study reminds us that the causes of autism have more pervasive effects
Professor Simon Baron Cohen, Autism Research Centre

People with autism are traditionally identified as having problems interacting with others and with both verbal and non-verbal communication.

They can also display repetitive behaviours and have very focused interests.

But this study suggests autism can affect sensory perception, movement and memory because it prevents different parts of the brain working together to achieve complex tasks.

Shoelaces 'difficult'

The children with autism all had the ability to speak, read and write.

All those studied by the team from the Collaborative Program of Excellence in Autism were aged eight to 15.

While children with autism performed as well as, and sometimes better than, the other children in basic tests, they all had trouble with complex tasks.

So in the visual and spatial skills tests, children with autism were very good at finding small objects in a busy picture, such as finding the character Waldo in the "Where's Waldo" picture books series.

But when they were asked to tell the difference between similar-looking people, they found it very difficult.

And while children with autism tended to be very good at spelling and grammar, they found it much harder to understand complex figures of speech, such as idioms - where the meaning of the phrase is not the same as the actual words suggest.

For example, they would not understand "He kicked the bucket" as meaning someone had died and were likely to actually hop if told to "hop it".

Children with autism also had problems with their handwriting.

'Faulty' wiring

Nancy Minshew, a specialist in psychiatry and neurology at the University of Pittsburgh School of Medicine, who led the research, said: "These findings show that you cannot compartmentalise autism. It's much more complex.

She said researchers investigating autism needed to look for causes that affect multiple brain areas, rather than simply looking at areas related to communication and repetitive behaviours or obsessive interests.

Dr Minshew added: "Our paper strongly suggests that autism is not primarily a disorder of social interaction but a global disorder affecting how the brain processes the information it receives - especially when the information becomes complicated."

The team has previously found, through looking at brain scans, that people with autism have abnormalities in the neurological wiring through which brain areas communicate.

She said these abnormalities were the most likely explanation for why the children with autism in the current study had problems with complex tasks but did well in tasks that only required one region of the brain.

Professor Simon Baron Cohen, head of the Autism Research Centre in Cambridge, said: "This new study is important in highlighting atypical functioning in both social and non-social domains, by people with autism spectrum conditions.

"Previously the social difficulties have received a great deal of research attention.

"But this new study reminds us that the causes of autism have more pervasive effects."

© BBC MMVI