La toxicité de ces produits sur le cerveau du foetus intervient à des doses bien inférieures que pour l'adulte, notent-ils dans un article mis en ligne mercredi par la revue médicale britannique The Lancet.
Les limites d'exposition doivent tenir compte de cette sensibilité (femmes enceintes, jeunes enfants) afin de protéger le cerveau qui se développe, souligne les auteurs.
Un enfant sur six a des troubles du développement, la plupart impliquant le système nerveux, indiquent-ils.
Le Dr Philippe Grandjean (Harvard School, Boston, Etats-Unis) et son collègue le Pr Philip Landrigan (New York) ont passé en revue les données disponibles sur la toxicité de produits chimiques les plus susceptibles d'altérer le développement du cerveau.
Ils ont recensé 202 produits industriels présentant cette capacité de nuire au cerveau humain, et concluent que la pollution chimique pourrait avoir endommagé le cerveau de millions d'enfants dans le monde. Une "épidémie silencieuse" car les effets peuvent être discrets (par exemple une diminution de l'intelligence ou certaines modifications du comportement) et n'apparaissent pas dans les statistiques sanitaires.
Une toxicité sur les enfants généralement négligée, d'après eux. "Le cerveau humain est un organe précieux et vulnérable", commente Philippe Grandjean, principal auteur de l'étude. "Même des dommages limités sur cet organe peuvent avoir de sérieuses conséquences", ajoute-t-il.
La liste de 202 produits n'est pas limitative, précisent les auteurs car le nombre de produits pouvant causer des effets neurotoxiques excède le millier d'après les tests sur les animaux.
Le plomb est le premier produit dont la toxicité sur le développement du cerveau a été identifié, alors que sa neurotoxicité chez l'adulte était connue depuis des siècles.
"Même quand il y a une solide documentation sur leur toxicité, la plupart des substances ne font pas l'objet de réglementations protectrices pour le cerveau en développement", déplore le Dr Grandjean. "Quelques substances seulement comme le plomb (saturnisme) et le mercure sont contrôlées afin de protéger le foetus et le très jeune enfant", mais ce n'est pas le cas pour les 200 autres.
Les auteurs réclament, au titre de la précaution, des règles strictes pour les produits susceptibles de nuire au cerveau en formation, et leur assouplissement si le risque s'avère moins important.