Un grand merci au Docteur Gilles Haroche, président du Journal International de Médecine qui nous autorise à reproduire l'article du docteur Alain Cohen
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Les troubles du spectre autistique (TSA) relèvent d’une
étiologie complexe et multifactorielle où des facteurs organiques
(comme des altérations du neuro-développement) jouent
vraisemblablement un rôle très important.
Déjà confirmée dans d’autres problématiques (troubles du
langage, troubles de l’attention, hyperactivité, difficultés
d’apprentissages scolaires), l’incidence de la croissance fœtale
sur le risque de TSA est recherchée dans une étude portant sur une
population suédoise (4 283 jeunes de 0 à 17 ans avec TSA, avec ou
sans déficience intellectuelle associée). Les anomalies de la
croissance fœtale sont appréciées notamment par les données
échographiques (indiquant l’âge gestationnel) et le poids à la
naissance.
On constate une association entre le risque de TSA et des
anomalies de la croissance fœtale (à partir de -1,5 déviations
standards ou de +2 déviations standards pour l’âge gestationnel).
Ce risque s’avère maximal quand la croissance fœtale se situe à
plus de 2 écarts-types, en-dessous de la moyenne (Odds Ratio= 1,70
; Intervalle de Confiance à 95 % [1,44–2,01]) ou au-dessus de la
moyenne (Odds Ratio= 1,50 ; Intervalle de Confiance 95 %
[1,27–1,77] ). Cette même tendance est observée pour l’ensemble des
TSA, avec ou sans déficience intellectuelle, mais une « mauvaise
croissance fœtale » (par exemple une croissance inférieure à la
moyenne) se trouve plus fortement associée à un risque de TSA avec
déficience intellectuelle que de TSA sans déficience cognitive.
D’autre part, indépendamment de toute considération sur la
croissance fœtale, une naissance prématurée se révèle un facteur
augmentant le risque de TSA.
Que ces anomalies de la croissance fœtale relèvent ou non de
mécanismes génétiques, elles constituent un « antécédent
significatif » pour un risque ultérieur de TSA, surtout quand elles
se situent aux deux extrêmes de la statistique de répartition.
Et à
ce titre, elles doivent donc être recherchées dans l’évaluation
d’un enfant chez lequel un diagnostic de TSA est envisagé.
Réciproquement, les enfants avec anomalies de croissance fœtale
sévère doivent être mieux surveillés et orientés si besoin en
pédopsychiatrie, vu la majoration du risque de TSA imputable à ce
type d’anomalie.
Dr Alain Cohen
Abel KM et coll.: Deviance in fetal growth and risk of Autism Spectrum Disorder. Am J Psychiatry, 2013; 170: 391–398.
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